La fausse couche, quand elle refrappe à votre porte

Le vent souffle. Il se déchaine. Le ciel est gris, il s’est assombri. Les oiseaux sont parti. Les nuages sont constants. J’attends l’arc en ciel. Mais il tarde à apparaître.

Il y a quatre ans, je l’ai croisé de près aussi. Quand je m’y attendais le moins. Juste avant que le petit panda n’arrive dans ma vie. Et bien que similaire à celle-ci, ce mal-être est plus intense que la première fois. Redondant dans mon histoire. C’était en 2015. J’avais 22 ans. Elle est venue frapper à ma porte alors que j’étais enceinte de 7sa.

On a appellé cela une “fausse couche précose”. Pour mieux soulager les coeurs des femmes je pense. Et pourtant.. si vous saviez comme dans votre tête et dans votre coeur, cela ne l’est pas du tout. On se projette. On imagine. On rêve. Et puis tout devient cauchemars. Tout s’effondre. On prend des rendez-vous médicaux, et on discute de la “marche à suivre”. On me parle de voie médicamenteuse. Un tout petit geste pour que votre corps devienne vide. C’est après cette fausse couche inatendue, que nous avions pris la décision de nous lancer dans l’aventure de la maternité pour le petit panda.

Et bien que je pensais cela derrière moi, après mes deux beaux enfants. Voilà qu’elle est revenue me hanter. Une seconde fois. Plus tardivement cette fois-ci. A 12sa. Et bien que la première fois, nous ne savions pas pourquoi la grossesse avait pris fin. Autant pour celle ci, nous savions. Le nid douillet que mon corps avait fabriqué pour veiller sur ce petit être n’était visiblement pas bien accroché. Le placenta était au 3/4 déccolé.
Et comme les choses ne sont jamais simples avec moi. Et bien il a fallut que cette fausse couche arrive au tout début du confinement. En mars 2020. Alors voilà; je ne pouvais pas bénéficier d’une intervention chirurgicale dite “normale” pour ce stade de grossesse car nous n’en savions pas assez sur le coco-virus qui frappait le monde de plein fouet. Il fallait limiter les risques; et de fait, que je passe par la voie médicamenteuse.. une nouvelle fois.

De toutes les expériences que j’ai vécu dans ma vie. Je crois qu’elle est de loin la pire. Et pourtant la vie est bien remplie en 26 ans. On en voit des vertes et des pas mûres. Croyez moi si il y avait un événement que je choisirai de ne pas revivre, ce serait celui-ci.

Mon corps est devenu vide en cinq jours. J’ai tout vu. Tout senti. Il se vidait littéralement de ce nid douillet mal accroché. On a l’impression que nos sens se multiplient, on ressent tout. Le col s’ouvrir, les contractions et même l’évacuation.. tout a été difficile à vivre. Et lorsque que tout a pris fin au bout du 5e jour, il y a eu le coup fatal. Ce petit être qui fini par partir, le dernier. Vous le tenez dans vos mains, le corps vide. Vide de sens. Vide de vie. Vide tout court. Vous le regardez de longues secondes. Comme si vous êtiez fasse à votre deuil. Comme si le mot “mort” prenez un tout autre sens. C’était maintenant. C’était vif. Mes tripes se nouent. Et puis les rires de mes enfants que j’entendais au loin, me ramènent à la réalité. C’est une torture. Vous ne savez même pas quoi faire de ce petit coeur/corps sans vie, que vous tenez .

J’ai saigné pendant quatre semaines. Quatre longues et interminables semaines. J’ai bien cru que ça ne terminerait jamais. Vous finissez par ne plus supporter la vue de votre propre sang. Son odeur vous dégoute et puis tout à le même sens. J’ai fini par me renfermer dans le sport. Une séance par jour. Ca a bien duré 2 mois et demi. Et lorsque le confinement fût terminé, il a fallut déménager. Et les séances de sport se sont espacées, laissant place aux vilains maux. Les nuages sont revenu très vite aussi. Et le mal être a fini par envahir mon coeur. Cette fausse couche a été une épreuve dans ma vie. Réellement. Sincèrement. Profondément. Je suis en colère contre ce corps qui, en plus d’avoir une endométriose, et des kystes ovariens.. m’a empêcher d’enfanter deux fois. Alors oui, vous me direz que j’ai déja deux merveilleux enfants. Moi je trouve que ma peine est tout aussi légitime qu’elle est puissante. J’ai porté la mort. Deux fois.

Il y a un vide en moi que j’ai besoin de combler. Comme si la fraterie n’était pas au complet. La boucle n’a pas été bouclée. Et mon ventre a porté la mort en dernier. Cet arc-en-ciel dont j’ai tant rêvé. Celui qui va me réconcilier avec la vie, avec mon corp et ce nid que je n’ai pas su bien constuire. J’ai besoin d’y croire. Besoin de sourire. Besoin de vie.

Il faut être deux pour faire un enfant. Et pourtant, je suis seule dans cette envie, viscérale soit-elle. Je ne souhaite pas influencer une quelconque décision de la part de ma moitié. Bien que celle-ci soit importante à mes yeux et dans mon coeur. Ce troisième, que je m’étais juré qu’il n’existerait pas a finalement besoin d’avoir sa place dans ma vie. Et bien que j’ai vécu deux grossesses pas très sympa. Entre le diagnostic du premier et le retard de croissance du second, une douce voix me souffle que celle-ci pourrait être différente. Plus paisible. Plus sereine. Dans mes rêves les plus enfouis, je les entends, tous les trois, rire aux éclats. La boucle a besoin d’être bouclée.

2 réponses à “La fausse couche, quand elle refrappe à votre porte”

  1. Tu as trouvés les mots justes sur cette souffrance qu’est une fausse couche. Et elle ne fait que se renforcer quand on en fait plusieurs. Je te souhaites de trouver le courage de tenir. Je te fais de gros bisous

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