C’est une question que je me pose naïvement assez souvent. Surtout ces derniers temps. Plusieurs personnes disent de moi que je n’ai pas de méthode éducative. Que je devrais punir, réprimander.. Certains d’entre eux me disent aussi que mon enfant fait ce qu’il veut à 2 ans. Qu’il a trop de liberté. Que je ne lui mets pas assez de barrière.
Et c’est après plusieurs semaines de remise en question que j’en suis venue à cette conclusion ci. J’aime mes enfants par dessus tout. Et même si je ne suis pas devenue une demeurée avec l’éducation que j’ai reçu enfant de ma famille.. je tiens tout de même à faire ce que “moi je juge être le plus approprié pour mon enfant”.

On me regarde assez maladroitement la plus part du temps lorsque je dis que j’aime suivre les nouvelles recommandations, que ce soit de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), de la Leche League, ou même des dernières études faites sur le cerveau de nos petits humains. Par exemple, lorsque nous parlons de notre souhait de poursuivre un allaitement exclusif jusqu’aux 6 mois révolus de notre fille comme le préconise l’OMS avant d’entamer la diversification alimentaire.
Le goûter de 10h est encore une fois, une tout autre histoire avec notamment le fait que je ne donne pas systématiquement un goûter à mon fils de 2 ans, à cette heure précise, sous prétexte qu’à notre époque c’était quelque chose qui se faisait. Si il n’a pas faim ou ne me réclame pas d’encas je ne vois pas pourquoi je devrais l’habituer. Je souhaite qu’il se rende compte par lui-même quand son corps lui fait comprendre qu’il a faim/chaud/froid/sommeil (ça c’est encore une autre histoire). Tout en sachant qu’à la maison, les compotes maisons(sans sucre), et les fruits sont disponibles toute la journée en cas de petite faim. On ne comprend pas non plus que je ne veuille pas donner de sirop, de coca ou encore de la mayonnaise à ce même petit humain, qui je le répète, a 2 ans.. et qui de ce fait, aura toute sa vie pour goûter à ces aliments. J’ai l’impression d’être une très mauvaise mère qui prive son enfant de plaisir. Sauf que c’est nous qui jugeons cela de plaisir. Lui n’en a que faire. J’ai moi-même eu des problème de poids. Et j’ai une maman qui a été très longtemps obèse. Je pense avoir vu et vécu un certains nombres de choses qui me permet de me faire une idée de comment nourrir mon tout petit.
Evidemment, ce ne sont que des petits exemples. Mais mis bout à bout avec d’autre et la coupe est très vite pleine.
L’éducation. Parlons en. Tout d’abord le terme “éduquer” me gène. Je vois en ce mot un “plein pouvoir” des adultes sur les enfants et je refuse cette idée . Je préfère penser que nous sommes des guides. On éduque un chien, pas un enfant. Bref. Déjà partant de là, vous imaginez bien que je ne suis pas en accord avec la plus part des membres de mon entourage.

Je voulais vous raconter une petite anecdote qui nous est arrivée cet été (juin 2018). Nous nous trouvions dans un centre commercial climatisé, pour échapper à la chaleur qui était étouffante. Je décide avec mon conjoint d’acheter un smoothie (fruits frais, pressés devant nous) à notre fils. Il en raffole. On lui sert donc un verre (moyen) plein, qu’il commerce à boire à la paille (nous lui avions dit que cette boisson était pour lui et moi). Après une bonne demie-heure de balade nous sommes entrés dans un magasin de vêtements. A ce moment là, je décide de le prévenir que je vais bientôt reprendre le smoothie parce que j’estime qu’il en avait assez bu (la moitié). Quelques minutes plus tard je m’approche de lui et lui demande le verre, tout en lui rappelant pourquoi je le lui reprends. De là est parti une colère monumentale. J’ai donc pris le verre, pour ne pas qu’il le jette sur les vêtements.
Cris, pleures, hurlements, agitation.. il était déchaîné dans la poussette, et la chaleur n’arrangeait rien.. totalement submergé par les émotions. Mon conjoint est parti du magasin par peur du jugement. Ma belle mère était auprès de moi. Elle a repris le smoothie que je lui tendais et s’est éloignée. Les regards étaient intenses, profonds. Ils nous jugeaient littéralement. Et moi.. j’ai pris mon fils dans les bras. Je lui ai fais un câlin. Ce qui a suscité l’interrogation la plus totale des gens autour. Lorsqu’il s’est calmé, je lui ai dis que je comprenais totalement son mécontentement, qu’il était frustré et que c’était normal. Que ça m’arrivait aussi. Mais que j’estimais qu’il en avait assez bu. Qu’il allait avoir mal à la tête (il était très froid) Et puis j’ai détourné son attention en le mettant à la recherche d’un pantalon pour son papa.
Pour certains, je suis passée pour une mère laxiste qui ne réprimandait pas son rejeton alors que celui-ci faisait un caprice en public. Si vous saviez à quel point votre enfant de 2 ans est incapable de faire de caprice, de manipuler ou que sais-je encore. Son cerveau n’est tout simplement pas conçu pour cela. Qu’aurais-je du faire ? L’ignorer ? Lui crier dessus ? Mais aurais-je désamorcer la crise ? Non. Et je ne pense absolument pas qu’il s’agisse d’une solution pour n’importe quelle situation. Je suis sa mère. Mon rôle est de l’accompagner dans l’apprentissage de la vie. Et les émotions en font partie. Mettez vous à sa place quelques secondes. Vous êtes en train de manger un éclair au café. Vous en avez voulu toute la journée. Vous le savourez. Et arrive la dernière bouchée quand je décide de vous l’enlever parce que j’estime que vous en avez assez mangé. Ne seriez vous pas contrarié ?
Aux yeux des autres, je reste cette mère laxiste.
Sauf que je suis face à un mur. Vous vous rendez compte. Nous remettons en cause des siècles et des siècles de méthodes éducatives. Vous aurez beau dire tout cela à n’importe qui (d’une ancienne génération), pour être certain d’entendre “mais tu n’est pas mort d’une fessée..”. Je ne suis pas d’accord. Il s’agit de violence physique TOTALEMENT INTERDITE entre adultes, mais COMPLÈTEMENT TOLÉRÉE sur des enfants ? Où va t-on ? Ces gens là sont à côté de la plaque je crois. Et aujourd’hui je prends conscience qu’il ne faut pas que j’ai honte de penser cela. Nous sommes le dernier pays d’Europe a tolérer les VEO (violence éducative ordinaire) . Ce n’est pas normal. Cela doit changer – Pour la petite parenthèse, une loi a été votée dans la nuit du 29 et 30 novembre 2018, et vise à interdire aux parents d’user “à l’encontre de l’enfant des moyens tels que la violence physique, verbale ou psychologique, les châtiments corporels ou l’humiliation” ! Et les pensées de certains doivent-elles aussi changer, au même rythme que cette loi. L’Homme est perfectible disait Rousseau. Je suis certains qu’on peut y arriver.
Je ne suis pas une mère laxiste. J’ai juste décidé de me mettre à la place de mon enfant de 2 ans le plus souvent possible. De faire de la “communication”, le maître mot de notre relation pour le guider au mieux dans son épanouissement personnel. De répéter encore et encore et encore. De l’aider à comprendre ses émotions, les décrire, et les maîtriser.
Alors quand mon fils de 2 ans me balance son doudou dans la cuisine, en criant et en pleurant je ne vois pas l’intérêt de le disputer ou de lui crier dessus. Quand le lait déborde, vous mettez le couvercle sur la casserole ou vous baisser le feu ?
Je passe peut être pour une mère laxiste mais je n’en suis pas une, je le sais. J’essaie juste de reprendre les choses dans l’ordre. “Pourquoi pleure t’il ?” Quel est le contexte de la situation. “Mon fils n’a pas fait la sieste cette après midi et son cousin vient de quitter la maison. Partant de là je prends en considération le fait qu’il soit très fatigué et frustré de voir son cousin partir.. et pour couronner le tout, il a faim et le repas met du temps à cuire”. Bon les gars je pense qu’on est au sommet du non-contrôle des émotions. Alors quel serait l’intérêt pour moi d’être en total conflit avec lui. Si ce n’est renforcer le fait que lorsque maman aussi est fatiguée, elle n’est plus patience et cris. Je lui apprends à faire l’inverse.
Je ne suis pas une mère laxiste. J’essaie juste de parler au maximum avec lui. Alors oui. Je lui parle calmement avec une voix douce, en lui proposant de prendre un petit bain pendant que le repas cuit. Ce qui parait absurde pour ceux qui me regardent autour. Sauf que je m’en fiche. A ce moment précis, je cherche une connexion avec mon petit garçon. Pour qu’il m’écoute; il faut que je le sorte de sa bulle qui déborde. Je ne suis pas une mère laxiste merde ! J’essaie de me mettre à sa place. Je ne peux pas faire à manger plus vite. Surtout qu’il ne le sait pas encore.. mais sa petite sœur va vouloir téter dans pas longtemps. Ça va être l’hécatombe dans sa tête. Il faut que je le détourne du repas. Le bain me permet de le détendre, de jouer avec lui (de partager un moment) et d’allaiter ma fille en même temps. Le bain fini, le repas sera prêt.

Je ne suis pas une mère laxiste. Je suis une maman qui fait de son mieux pour ne pas crier, trouver des compromis, mettre mon enfant à la bonne hauteur. Ne pas être supérieure à lui. J’essaie d’être un exemple, le meilleur guide qu’il soit dans son apprentissage de la vie, des émotions.. Alors non je ne tape pas, je ne punie pas, je ne cris (quasiment) jamais sur lui.. bref, j’essaie d’éviter le plus possible les VEO (violence éducative ordinaire) car la ligne est si facile à franchir. J’essaie d’être armée le plus possible, en lisant beaucoup (ce que peu de gens comprend d’ailleurs) et en discutant pas mal avec beaucoup d’entre vous.
Je ne suis pas une mère laxiste.
7 réponses à “Suis-je une maman laxiste ?”
Tout à fait d accord avec toi ! 👏🏻👏🏻
J expliquais justement à mon conjoint pourquoi il était inconcevable qu on fesse notre fille, que ça ne lui viendrait pas à l idée de me frapper à moi alors pourquoi a elle? Pourquoi casser le lien de confiance qui devrait exister entre tous les enfants et leurs parents?
Écoutes ton cœur et fout toi du monde ! Tu as bien raison !
❤
On sent que tu en as gros sur le cœur aujourd’hui. Je suis d’accord avec toi et je sais aussi que le chemin que tu suis est le plus difficile. Car c’est dur de se détourner de l’éducation qu’on a reçu, c’est dur de ne pas se sentir soutenue par l’entourage, c’est surtout dur de rester calme et maître de ses émotions face à un petit hurlant et gesticulant. Ou de répondre 15000 fois calmement la même chose. Ou de trouver comment l’empêcher de taper son frère (ça se le vécu non ?).
Ne lâche rien, tu as l’air de bien y arriver alors reste droite dans tes bottes, tu n’es pas seule ! (bon avec beaucoup beaucoup moins de succès pour ma part mais j’y travaille un peu plus chaque jour !)
Je suis surtout triste de n’être en phase avec personne autour de moi (famille).. j’ai l’impression d’être un extraterrestre.. Heureusement que certaines de mes amies, qui ont eu des enfants en même temps que moi sont sur la même longueur d’onde. Il y aurait de quoi se sentir vraiment seule sinon..
Les fêtes de Noël ont fait ressortir cette question chez moi… Même si je n’ai subit aucune remarque, je me suis sentie observée et jugée (c’est beau la pression qu’on se met seul.e !) Comme toi, en cas de crise, mon réflexe premier est le câlin ou le contact. Ça étonne peut être mais mon discours reste ferme derrière “Tu aimerais regarder une vidéo sur mon téléphone et je ne suis pas d’accord. Olala mon pauvre Lardon, c’est frustrant de ne pas tout décider…” et nous serons restés ferme.
Mais il y a aussi les crises où nous décidons de lâcher prise car le combat n’en vaut pas la peine. En vrac, on ne le force pas à manger ni à rester à table, ni même à porter un bavoir TANT QUE le moment de nourriture “salissant” n’a pas commencé. Là, les regards étaient plus difficiles à subir. J’espère juste que les proches auront remarqué que : il n’a sauté aucun repas et fini toujours par nous rejoindre, même si c’est pour une bouchée seulement (c’est qu’il n’avait pas très faim voilà tout), et que il n’a jamais rechigné à mettre son bavoir au moment du yaourt, de la soupe ou de la betterave. Il sait juste que le pain ne tâche pas et ne voit pas l’intérêt d’en mettre un à ce moment.
Oh et il y a les fois où je parais laxiste car… ça n’est pas important pour moi et que je value son autonomie. Par exemple, je n’ai pas de problème à donner des choses à grignoter en dehors des repas s’il le demande (biberon toujours à la demande à deux ans et demi, et snack sains comme des fruits ou des galettes de riz). Cumulé au fait que je ne le force pas à table, évidemment “ça la fout mal”.
Bon je m’arrête là avec les exemples mais je comprends totalement ton propos et je trouve ça difficile à gérer car il y a autant de manières de gérer une situation qu’il y a de situations difficiles ! Et à chaque fois, je sens que nos choix peuvent être vu d’un point de vue “laxiste” même si je ne pense pas l’être…
Ici aussi, nous ne nous battons pas si le combat n’en vaut pas la peine. Encore hier, nous mangions chez ses grands parents. Il était à table et mangeait avec les doigts. Chose qu’il ne fait jamais. Il n’a pas arrêté de se prendre des réflexions de son papi. C’est juste dommage…. Je n’ai pas arrêté de dire que ce n’était pas grave. Que l’essentiel c’était qu’il mange (il est plein de vers en ce moment, il n’a donc pas d’appétit à cause du verifuge)..
Comme je te rejoins pour les petits encas. Quand j’ai du monde à la maison, il est 11h, et il a faim.. va savoir pourquoi. Le repas n’est absolument pas prêt.. donc je lui donne un fruit en attendant de commencer à faire à manger.. combien de fois ai-je entendu “non mais il ne mangera plus à table”… donc je fais quoi ? Je le laisse avoir faim ? Les gens ont oublie de ce que c’est d’avoir un enfant je crois..
courage :)
Bonjour Noémie, ton article est très touchant ! Ton approche de « l’éducation » est assez ressemblante à celle de Maria Montessori peut-être en as-tu déjà entendu parler ? Médecin et pédagogue, elle a mis en pratique très tôt une pédagogie douce et efficace AVEC/POUR les enfants.
Voici un petit lien de 3mins d’explication rapide : https://www.youtube.com/watch?v=eT-BBWbNmDU
En tout cas tu n’es pas seule ! Et NON tu n’es pas laxiste, Ahaha.
Bon courage et plein de bonheur.
Bisous,
Morgane Cassin