“Porter bébé , avantages et bienfaits”

Au départ la couverture ne donne pas fière allure. On s’attend à un bouquin qui parle encore des bienfaits du portage, en ne préconisant que cette méthode, revendiquant tout autre type de contact avec l’enfant.

Et puis on commence a lire.. Et on est plongé instinctivement dans les 81 pages du livre. On le dévore d’une traite. On est captivé par les références, les études, les spécialistes et les aventuriers du monde entier.. Mais surtout on y découvre enfin un résumé concis de tous les arguments que l’on pourra donner à notre entourage lorsque celui ci ne se gênera pas de revendiquer son mécontentement face à ce mode de portage.

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Même si je suis intérieurement convaincu depuis toujours des bienfaits que procure le portage sur les bébés, je dois vous avouer qu’avoir ce bouquin sous la main pour m’aider à mieux argumenter mes choix est une chose que j’apprécie particulièrement.

Dans ma famille, on ne comprend pas.. puisqu’on ne porte pas. On s’indigne à l’idée qu’on puisse allaiter plus de 6 mois un enfant, qu’on préconise le portage au landeau, qu’on choisisse le cododo quand d’autres nous disent de nous séparer de notre bébé.. Alors , même si cette article je le rédige pour vous dans un premier temps; sachez que je l’écris également pour mon entourage. Celui qui parle d’esclavage lorsqu’on tend vers l’allaitement. Celui qui te préconise de laisser pleurer ton enfant pour ne pas l’habituer.. Bref, ce livre est totalement fait pour vous si vous êtes dans le même cas que moi. 

L’étude des animaux

Le livre commence tout simplement avec l’étude des animaux.. Et nous en apprend de biens belles. Notamment que si nous nous comparons à d’autres mammifères , le bébé humain né dans un état de « prématurité très importante ». En effet, si l’enfant naissait au même état d’achèvement qu’un poulain ou qu’une antilope (qui gambadent moins d’une heure après leur naissance) ce serait bien au delà des 9 mois de grossesse.. Puisque pratiquement tous les mammifères naissent au moment où leur cerveau atteint 80% de sa taille adulte. Alors qu’à la naissance, le cerveau humain n’est qu’au quart de sa taille adule (45%) et qu’il atteint ces fameux 80% qu’a 21 mois après la conception , soit 12 mois après la naissance.

Cette prématurité est expliquée par le fait que le corps de la mère n’a pas le même rythme que celui du cerveau du bébé. Si nous devions attendre que le cerveau atteigne les 80% il ne pourrait plus passer par les voies naturelles. De ce fait, le corps l’expulse avant. Bon déjà, là je me suis dis que j’allais me coucher mon bête.

De ce fait, la période qui s’étend sur toute la première année de l’enfant peut être considérée comme une « grossesse hors utérus » durant laquelle le développement des systèmes nerveux, digestif, immunitaire etc.. se poursuivent et où le bébé est totalement dépendant des adultes pour sa survie. C’est ce qui explique ce grand besoin de contact physique le jour (portage) comme la nuit (cododo) . On comprend mieux pourquoi les études tendent à nous rappeler la nuisance sur le cerveau des bébés, si nous les laissons pleurer, ou que nous ne répondons pas à leur besoin primaire, qui est : le contact.

Le psychanalyste suisse Franz Renggli explique quant à lui qu’il existe chez les mammifères trois formes de développement de la relation mère-enfant.

  • Les nidifuges dont les petits se déplacent dès la naissance et suivent sa mère et le troupeau où qu’ils aillent (buffles, chevaux, giraffes, antilopes…)
  • Les nidicoles dont les petits naissent sans fourrures, les yeux fermés, impuissants et restent dans un nid pendant un temps assez long (chats, souris…). Pendant longtemps, les spécialistes ont cru que nous nous apparentions à eux. Laisser bébé dans un landeau, dans la poussette, le mettre dans un yoopala etc.. ont été des révolutions pour notre ancienne génération. C’est aussi pour cela qu’il est difficile pour certains papi et mamie de comprendre ce changement de situation.
  • Les primates dont on peut considérer que le nid est le corps de la mère puisque le petit s’agrippe des mains et des pieds à la fourrure de celle-ci qui le porte de manière ininterrompue durant toute la première période de sa vie. Après s’être accrochés au ventre de leur mère, les petits avançant en âge, grimpent sur leur dos. 

Contrairement à ce que nous pourrions penser au premier abord, il n’y a pas que les primates qui portent leurs petits, en effet la jeune loutre marine se tient sur le ventre et le dos de sa mère. Certains oiseaux aquatiques le pratiquent aussi, comme les cygnes, les plongeons… La jeune chauve-souris enroule ses ailes autour du ventre de sa mère. D’autres encore comme les scorpions , les sangsues, ou certaines arraignées portent leur petits aussi sur le dos pour les protéger du danger.

Nous pourrions croire que nous nous rapprochons le plus du « kangourou » , car eux aussi font naître leur bébé dans un état de grande prématurité, dont les petits sont simplement transportés dans une poche ventrale. Mais nous nous apparentons encore une fois, bel et bien avec les primates dont les petits participent activement en s’agrippant à leur mère. La biologie du comportement place d’ailleurs l’homme dans la catégorie des primates « porteur (ou portés) actifs ».

Ailleurs dans le monde

Tout au long du livre, nous nous échapons au grè des expériences et des histoires vécues par de nombreux amoureux de l’aventure qui parcourent le monde entier. Ainsi, nous sommes confronté à d’autres cultures, d’autres formes de langage.. qui répondent pourtant tous à la même chose animale : le contact. C’est fou comme, ailleurs dans le monde, le portage n’a jamais disparu. On connait la façon dont les Inuits (peuple esquimau du Canada) portaient leurs bébés tout nus contre la peau de la mère, dans la capuche de sa veste ; “l’amaat”. Les bébés Sioux sont quant à eux portés dans un berceau vertical, en bois et en peau, sur le dos de leur mère. En Océanie, les bébés sont portés dans un sac de filet dont la poignée est tendue sur le front du porteur. Au Mexique et au Guatemala, les enfants continuent d’être portés sur le côté par les membres de la famille. En Afrique, en Asie (Chine et Corée) on porte dans le dos, tandis qu’au Japon on pratique le portage en crèche..

Confort et sécurité

Bon le résumé sur l’importance de la proximité « mère-enfant », je ne vais pas vous la faire en long en large et en travers pour la simple et bonne raison que le livre l’explique magnifiquement bien, mais surtout parce qu’on en lit déjà des tonnes dans plein d’études et d’articles. Vous n’êtes pas sans savoir que le bébé retrouve un « terrain connu » grâce au toucher, à l’agrippement, à la recherche du sein, aux odeurs… Ce qui répond aux tenants principaux de la théorie d’attachement.

Ce que j’apprécie dans ce bouquin, c’est le chapitre sur le lien « père-bébé » ! Car c’est pour nous une des raisons principales de notre pratique. J’ai porté cet enfant durant 9 mois, de ce fait mes odeurs et mes battements de coeur lui sont reconnaissable. Le lien entre un père et son enfant met parfois du temps à se mettre en place (chez certaines mères aussi d’ailleurs). Le portage est un merveilleux moyen pour l’un comme pour l’autre de créer une attache sécuritaire.

Moins de pleures et les coliques

Il est évident que si l’enfant se sent rassuré et en sécurité en répondant à ses besoins il pleure moins. Cette théorie je l’ai vraiment constaté avec mon fils. Est-ce le fruit du hasard du à son caractère ou bel et bien grâce à cette manière que nous avons de penser avec le papa, en tout cas notre enfant n’a jamais été un bébé qui « pleure ». D’ailleurs nous nous sommes fait la remarque à plusieurs reprises, lorsque nous constations notre fatigue alors les dents commençaient à percer, ou qu’un soucis survenait tant notre exténuation nous prouvait à quel point nous n’étions absolument pas habitué aux pleures.

De plus, le portage soulagerait les maux des bébés liés au coliques. Là encore, notre fils n’en a pas fait. Est-ce du à l’allaitement, au fait de le porter ou au hasard ? Nous n’auront jamais la réponse, ceci étant dit nous rentrons tout de même dans les statistiques.

« Le portage prévient également les pleures non seulement parce qu’il permet à l’adulte de répondre rapidement aux besoins de l’enfant mais aussi parce qu’il permet à ce dernier d’évacuer ses tensions » car en effet, le bébé encore incapable de se déplacer seul, accumule de l’énergie sans pouvoir la décharger autrement que par les pleures, alors que si il est porté par une personne active, qui bouge, les tensions musculaires des deux (porteurs et porté) sont évacuées par le mouvement.

Allaitement et sommeil

Le livre ne s’étend guère sur cette petite partie-ci. Je pense que là n’est pas son but premier. Un court résumé de cette fraction pourrait être faite en ceci : Sachez que chez nous (les occidentaux), le portage intensif est encore une pratique minoritaire. Ceci étant, les femmes qui le pratiquent sont souvent les mêmes qui allaitent dans la durée. L’allaitement est souvent mis en lien avec le « cododo » dans le livre, ce qui déculpabilise énormément ceux qui veulent en faire la pratique.

Endormissement et sommeil

Le livre nous rappelle incontestablement à quel point l’endormissement ou le fait de rester endormi n’est réellement possible que si nous nous sentons en sécurité. Ce n’est pas pour rien que la plus part des enfants, s’endorment en quelques minutes lorsqu’ils sont portés. Quoi de mieux que les odeurs, les bruits, les battements du cœur d’un parents.. Et je peux vous assurer que c’est bien vrai. D’ailleurs si j’avais un conseil à vous donner; ce serait d’avoir toujours un porte bébé (ou une énorme écharpe que l’on puisse nouer en « sling ») dans votre sac de voyage. Car même dans le train c’est vraiment très utile : testé et approuvé.

Développement de l’enfant

Le portage, par les mouvements du porteur et les bruit de son coeur, stimule également le système nerveux encore immature du bébé, et notamment son système vestibulaire (les parties de son oreille interne qui lui permettent d’appréhender son équilibre). Cette stimulation aide les bébés à mieux respirer, à mieux grandir, régule leur physiologie et améliore leur développement moteur. Ce qui de ce fait, ce n’est absolument pas étonnant de voir que les enfants ayant été porté sont plus précoces d’un point de vue moteur (les bébés africains sont globalement  plus en avancent que ceux occidentaux par exemple).

Que ce soit pour la dysplasie des hanches diagnostiquées à la naissance, pour éviter les cas de plagiocéphalies postérieurs (la tête plate), ainsi que la mort subite du nourrisson il est fortement conseillé de porter son enfant le plus possible. Outre les bienfaits physiques du au portage, le livre nous confronte sans cesse à des spécialistes de la petites enfants, tels que des orthophonistes pour nous rappeler aussi les bienfaits du langage. Car un enfant qui est porté, c’est un enfant qui va participer à la vie active de ses parents plus rapidement et plus fréquemment.

 

Dans la dernière partie du livre, nous apprenons les différents mode de portage et surtout, il nous explique pourquoi faut-il privilégier le portage physiologique. Et quels sont ceux à bannir. Ce que je préfère; c’est la conclusion. Puisque l’auteur nous donne des phrases types à répondre à ceux qui pourraient être tentés de nous démontrer tous ces bienfaits, par exemple :

  • « C’est mauvais pour ton dos » ce à quoi on pourrait répondre « c’est sans doute vrai dans les portes bébés kangourous, lorsque l’enfants n’est pas solidaire au corps du porteur, car il pese de tout son poids en déplaçant le centre de gravité du porteur. Au contraire dans tous les modes de portages où l’enfant est plaqué à celui qui le porte cet inconvénient n’existe pas. »
  • « Et celui de l’enfant ? » ce à quoi nous pouvons ajouter « il n’y a aucun inconvénient à porter un bebe dans une position où son dos est arrondi puisque cela correspond à sa courbure physiologique. En effet, tout le temps de la grossesse, le fœtus a grandi dans une position fœtale c’est à dire repliée sur lui-même. Au cours de la première année elle va peu à peu se redresser jusqu’à l’acquisition de la marche (position debout). »

Le livre donne tout un tas d’exemple, comme « vous allez le rendre capricieux » ou « dépendant », mais aussi « il est trop grand pour être porté ».

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C’est ainsi que ce termine ce petit livre et ses 80 pages remplis de bon sens, et de connaissances. Je vous le recommande fortement si vous voulez porter, mais surtout si vous hésitez. Car au delà de vous donner envie, le bouquin vous donne des pistes sur tout un tas de chose comme le cododo ou l’allaitement. Je trouve qu’il déculpabilise celles et ceux qui font ces choix dans une société où il est difficile de faire valoir certaines choses (surtout auprès de notre entourage).

 

 

9 réponses à ““Porter bébé , avantages et bienfaits””

  1. Super article ! J’adore porter ma fille, il résonne forcément en moi ! C’est à un atelier de découverte du portage justement, où l’on m’a apprit ce que tu dis dans ton premier chapitre (la grande prématurité de l’humain à sa naissance) et j’ai été éberluée ! Mais quand on le sait … cela devient éminemment naturel de porter son bébé, répondre à ses pleurs, le materner … ! (je parle de cela, dans la limite de notre propre limite, bien entendu).
    Tu utilises quel moyen de portage ?

    • Je suis entièrement d’accord avec toi 💛 je t’avoue m’être sentie moins bête avant d’aller au lit en lisant tout ceci aha . J’utilise un porte bébé et une écharpe. Mon fils n’aime être porté quenq ventral.. je ne sais pas tellement pourquoi. Pourtant une de mes meilleures amies est monitrice en Portage donc logiquement je le fais bien mdr. On verra avec le second aha . Je me suis fait plaisir, je me suis commandée un sling et un “baby wrap” pour le petit deuxième et pour continuer le portage du premier ! Et toi?
      Bisous 😘

      • J’ai un sling , et le mois dernier j’ai acheté une écharpe. Pour l’instant ma fille ne veut pas être portée en dos, elle hurle dès que je l’y met, je n’ai même pas le temps de faire le noeud… mystère… mais je vais lui re-proposer encore et encore, on verra bien!

  2. Ton article me donne vraiment envie d’avoir ce livre ! J’ai entendu beaucoup de réflexions négatives sur le portage jusqu’à ce que Raphaël marche (genre il allais jamais marcher si je le portais tout le temps etc…) et depuis ces 12 mois et bien plus rien, on nous laisse tranquille :) Le portage nous facilite vraiment la vie, surtout quand on habite en ville où circuler avec une poussette relève du challenge ^^

    • Dans le livre ils affirment justement que le portage facilite et entraîne plus facilement la marche . Je te le recommande fortement, il n’est pas très cher à la base (Fnac ou Amazon même d’occasion) . Ici à 19mois on porte encore !

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